Un avocat embarque en maraude de nuit | Samusocial de Paris
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Un avocat embarque en maraude de nuit

01 Apr 2019 • Témoignage

Un partenariat a été mis en place entre le fonds de dotation Barreau de Paris-Solidarités, l’association Barreau des rues et le Samusocial de Paris. Le principe ? Mettre les compétences juridiques d’avocats volontaires au profit des personnes sans-abri, notamment dans le cadre de maraudes organisées par le Samusocial de Paris. Depuis le 31 janvier dernier, l’expérimentation a démarré; un avocat intègre donc tous les jeudis soirs une équipe de maraude.

Spécialisé en droit des affaires, Jonathan Farenc a participé à la première maraude de ce type en compagnie de Nicolas Chicheportiche, travailleur social au Samusocial de Paris depuis 4 ans. Les deux hommes reviennent sur leur expérience.

Jonathan Farenc

 

Jonathan, pourquoi vous êtes-vous porté volontaire pour cette expérimentation ?
Jonathan : J’ai choisi de devenir avocat pour défendre la veuve et l’orphelin. Puis au fil de ma carrière, je me suis tourné vers le droit des affaires. Aujourd’hui, j’ai envie de me sentir utile autrement et de revenir à mon cœur de métier, le social.

Comment s’est déroulée cette maraude ?
Nicolas : Jonathan nous a retrouvés à Ivry, lieu de départ des maraudes et a embarqué dans notre camion. Je lui ai expliqué comment on travaillait. Il m’a posé beaucoup de questions et nous a accompagnés à chaque fois que l’on descendait pour aller vers une personne sans-abri. Nous n’avons pas rencontré de situation pour laquelle ses compétences juridiques pouvaient être mises à contribution. On a parfois du mal à créer du lien social avec certaines personnes, lorsqu’elles souffrent de pathologies par exemple, donc aborder des aspects juridiques… c’est compliqué. Mais Jonathan s’est montré très à l’aise et curieux d’apprendre.
J. : En début de soirée, nous avons rencontré une dame bien connue des maraudeurs et j’ai participé à la discussion. Je pense qu’on peut avant tout être utile par le regard neuf qu’on porte sur des personnes, avant de leur apporter une aide juridique. On a ensuite amené cette dame au centre d’hébergement d’urgence Romain Rolland et j’ai pu assister à son entretien, en compagnie de Nicolas et de l’infirmière. Puis nous sommes retournés en maraude.

Selon vous, quel est l’intérêt d’un partenariat de ce type ?
J. : En discutant avec Nicolas, je me suis rendu compte qu’il était en demande de conseils sur différents sujets : le droit des étrangers, le régime des tutelles ou la question des mineurs non accompagnés. Ce n’est pas ma spécialité mais j’ai quand même pu lui apporter quelques éclairages en matière de droit pénal et concernant les dispositifs d’aide juridique gratuite mis en place par le Barreau de Paris.
N. : Outre ce besoin de formation pour les travailleurs sociaux, on s’est demandé s’il serait judicieux de mettre en place une consultation juridique au sein des centres d’hébergement d’urgence. Les entretiens que l’on mène sont propices pour détecter si la personne a besoin ou non d’une aide ou de conseils en matière juridique. On pourrait donc ensuite l’orienter vers un avocat.

Etait-ce une expérience réussie ?
N. : Pour moi, c’était très positif. Une rencontre super avec une personne très motivée venant d’un autre milieu, mais ayant l’envie d’aller vers les autres et de faire quelque chose qui ait du sens.
J. : Si c’est à refaire, je le referais demain les yeux fermés. 


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