Camille, infirmière | Samusocial de Paris
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Camille, infirmière

01 Oct 2018 • Portrait

Portrait réalisé en octobre 2018.

Camille, 24 ans, est infirmière au Samusocial de Paris depuis deux ans. EMA, LHSS et mission migrants, la jeune femme a déjà acquis de l’expérience en travaillant sur différents dispositifs. Elle nous raconte son parcours.

camille infirmière


Comment êtes-vous entrée au Samusocial de Paris ?

Je voulais absolument travailler aux côtés des personnes en situation de précarité. J’ai commencé en tant que stagiaire en LHSS(1). Le matin, on soigne les patients, et l’après-midi, on réalise un suivi de santé tout en essayant d’investir les personnes au maximum. J’ai ensuite décroché mon premier contrat d’infirmière dans les EMA(2).

 

Quelle a été votre mission dans les EMA ?

Le travail principal des maraudes consiste à créer du lien. J’ai une trousse de premiers soins et je fais le tour des arrondissements attribués à mon équipe pour aller vers les personnes en situation d’exclusion. On est trois dans le camion : un travailleur social, un chauffeur et moi. 

Quand des places sont disponibles, on emmène les personnes dans des centres d’hébergement d’urgence. Je leur propose de prendre une douche et leur fais des pansements si besoin. Avec le travailleur social, on mène ensuite un entretien pour retracer leur parcours et les orienter vers la structure la plus adaptée à leurs besoins. On ne propose pas de suivi car on n’a pas les ressources pour. Il nous arrive aussi de passer l’entretien dans la rue, tout dépend des situations !

 

Cette expérience vous a-t-elle plu ?

J’aime travailler dans l’urgence. Aucune nuit ne se ressemble : on peut croiser un grand isolé qui ne parle pas, d’où une certaine subtilité requise dans l’approche, des toxicomanes, des personnes ayant des troubles psychiques, des mineurs non accompagnés, des migrants ou des familles. Tout ce petit monde cohabite dans la rue mais nécessite des prises en charge différentes. Au Samusocial de Paris, rien ne se ressemble : les missions sont variées car le public est très hétérogène.

L’ambiance des EMA est aussi incroyable. Travailler la nuit dans le froid, c’est quand même particulier. On est de fait un peu coupés des autres mais Il y a une certaine solidarité qui se crée entre nous. Moi, j’ai trouvé cette expérience géniale malgré les difficultés qu’on peut rencontrer. Je sais que j’y reviendrai un jour ou l’autre.

 

Où travaillez-vous à présent ?

J’ai fait des vacations pour la mission migrants cet été et j’y travaille à temps plein aujourd’hui.

On part en camion sur les campements de migrants qui n’ont pas accès aux soins. Avec l’aide d’un interprète, je dresse pour chaque personne un bilan de santé en posant quelques questions : pourquoi elle vient, quel est son problème, le but étant de l’orienter au mieux vers des structures de soins.

Le travail en maraude n’est pas évident : les migrants ont souvent des parcours de vie traumatisants et des conditions de vie difficiles. On travaille dans le froid, les gens attendent longtemps et tout cela peut créer des tensions. C’est pourquoi on alterne avec les autres infirmières entre les maraudes et les CAES(3).

 

En quoi consiste votre rôle dans les CAES ?

Avec l’aide d’un interprète, on évalue la situation médicale des demandeurs d’asile, puis on les oriente vers des structures d’accès aux soins. L’entretien de premier accueil est plus poussé. Si besoin, je pourrai ensuite les renvoyer vers le médecin généraliste et le psychiatre de l’équipe. On organise le suivi du patient, mais il est parfois interrompu si la personne est transférée vers une autre ville de France.

 

Quels sont vos projets d’avenir ?

Je commencerai bientôt un nouveau contrat au CHUM(4) d’Ivry. J’y ai déjà travaillé quelques temps et ça m’a beaucoup plu. Ici au moins, les migrants ont un toit sur la tête !

J’adore être au CHUM car tout tourne autour des enfants, d’où une certaine joie de vivre qui s’en dégage. La vie est rythmée par les grossesses, les accouchements. J’y fais des bilans de santé et de la coordination de soins avec un interprète. Le réseau est très développé : les personnes peuvent consulter un gynécologue, une sage-femme, un psychiatre ou un psychologue. C’est ma première expérience en pédiatrie et en gynécologie. C’est très stimulant!

 

(1) : Lits Halte Soins Santé
(2) : Equipe Mobile d’Aide
(3) : Centre d’Accueil et d’Examens des Situations
(4) : Centre d’Hébergement d’Urgence Migrants

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