Jouer le jeu pour se réapproprier son corps et exprimer ses émotions | Samusocial de Paris
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Jouer le jeu pour se réapproprier son corps et exprimer ses émotions

16 Jun 2021 • Reportage

Depuis fin mai, les femmes hébergées dans nos centres et en hôtel social peuvent participer à un atelier de théâtre hebdomadaire à la MPAA* Canopée.

 

Jeanne Monot anime l'atelier théâtre.

 

S’exprimer en toute liberté

« On va débuter cette séance en racontant quelles sont nos forces et nos faiblesses aujourd’hui ». Jeanne Monot, cofondatrice et codirectrice de l’association socioculturelle 3027, anime cet atelier d’une voix douce et apaisante. « Cet échange nous permet de se connecter les unes aux autres en partageant un peu de nous ». Autour d’elle, des femmes venues de nos différentes structures d'hébergement se prêtent au jeu avec aisance. Il règne ici un climat de confiance, qui permet à chacune de se sentir libre de parler de choses intimes.
S’en suit une série d’improvisations auxquelles toutes les femmes peuvent participer, qu’elles soient des habituées du cours ou de nouvelles venues. « Présentez-vous de manière muette » ; « Faites plaisir à votre binôme en musique, sans parler » ; « Vous êtes bloquées dans un ascenseur en panne avec une personne. Que se passe-t-il ? ». Brigitte, Hana, Akolly et les autres s’exécutent sans se soucier du regard des spectatrices, avec une facilité déconcertante. Pourtant, aucune n’a fait du théâtre auparavant. « C’est l’occasion de vivre des choses qu’on ne vit pas dans la vie, ou d’exprimer des émotions en les mettant à distance », explique Jeanne Monot, qui se prête aussi à l’exercice.
Les comédiennes esquissent tour à tour un sourire après leur passage sur scène. « Ça nous occupe et nous fait oublier les angoisses », assure Akolly. Hana renchérit : « Ici, on profite, on rigole ! Je me sens soulagée et défoulée en fin de séance ». « J’aime bien la façon dont Jeanne anime le cours, note Noémie. Elle ne prend pas en considération notre situation économique et sociale. On tisse avec elle une relation saine ; il n’y a pas de condescendance. Ça fait du bien ».   

Gagner en confiance

A l’origine de cet atelier, Marie Lazzaroni, chargée de mission Projets femmes au Samusocial de Paris, a recensé les besoins des femmes accompagnées au sein de chacun de nos pôles. « Il en est ressorti le besoin de s’exprimer librement, mais aussi la nécessité de travailler sur la confiance en soi et la réappropriation de son corps à travers une activité créative qui permet de sortir du centre ou de l’hôtel », explique-t-elle. Marie Lazzaroni a ensuite fait appel à Gabrielle Soucail, chargée de Mission Culture, Héritage et Loisirs au service Mécénat, pour financer le projet et l’aider à le mettre en place.
Pour Jeanne Monot, c’est une première. « On travaille habituellement avec un public majoritairement masculin issu de centres d’hébergement, de prison ou de l’hôpital psychiatrique ; mais aussi des enfants et des adolescents en milieu scolaire ou en foyer ». Cet atelier est exclusivement réservé à un public féminin.  « Certaines femmes peuvent se montrer plus réfléchies, plus complexes ; cela permet d’aller plus loin, le but étant de passer un bon moment ensemble, mais aussi de poser un regard plus confiant sur elles et sur la vie ».
Cet atelier se poursuivra jusqu’en octobre et pourra, en fonction de sa fréquentation, être prolongé.

 

*Maison des Pratiques Artistiques Amateurs


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