À la Cour Ferber, un centre dʼhébergement dʼurgence du Samusocial de Paris ouvert en 2023, un projet commun transforme le quotidien des résidents : le jardinage. Lʼassociation Racines développe des projets de jardinage participatif dans des structures sociales. Ainsi, avec lʼéquipe du centre ils ont créé des ateliers mensuels où les résidents mettent les mains dans la terre, cultivent des herbes aromatiques, créent des jardinières, explorent des ateliers cuisine ou de cosmétiques naturels.
Le centre accueille une diversité de ménages : colocations pour hommes ou femmes seuls, familles, et bientôt des couples. Lʼéquipe, composée de travailleurs sociaux, dʼune responsable, dʼune psychologue et dʼune conseillère dʼinsertion, accompagne chaque résident selon ses besoins : orientation, accès aux droits et à la santé, parentalité, mais aussi via des activités collectives qui créent du lien entre tous.
Lʼidée de végétaliser la cour est venue de Clara, la responsable du centre, en lien avec Juliette, cofondatrice de Racines et ancienne travailleuse sociale. À lʼorigine, la cour ne comptait que deux arbres et un espace vide. Un mardi par mois, les résidents participent à des activités variées : jardinage, création de jardinières, cuisine avec les herbes du jardin et même cosmétiques naturels comme lʼaloe vera ou le calendula.
« Lʼactivité est très appréciée par les adultes et les enfants. On voit quʼils sont investis, que ça leur plaît. Cela crée du lien social, avec les résidents et avec les personnes extérieures », explique Lily, assistante sociale. Lʼune des dernières avancées du projet a été la végétalisation de lʼentrée du centre, qui sʼétend désormais sur le trottoir, donnant un aperçu de verdure aux passants. Les palettes récupérées et transformées en jardinières accueillent fleurs et herbes aromatiques offrant un avant-goût de verdure aux passants et aux résidents.
« Ici, il nʼy a aucun enjeu administratif. Cʼest un temps pour eux, juste pour eux », souligne Juliette.
Au fil des séances, le jardin est devenu un espace de fierté et de créativité. Les enfants créent des « passages magiques » en bois, décorés de dessins colorés, tandis que certains adultes suivent avec attention la croissance de leurs plantes. Des outils sont laissés en libre-service dans la cour, invitant les résidents à sʼapproprier pleinement lʼespace.
Madame D. , participante , confie :
« Au départ, je nʼaimais pas du tout ça… et puis grâce à Juliette, jʼai changé. Maintenant, jʼaime vraiment ces ateliers. »
Pour lʼéquipe, ces ateliers offrent une perspective différente sur les résidents.
Lucas, travailleur social, souligne : « Le collectif permet de travailler autrement. On voit les personnes dans un autre contexte et eux nous voient différemment. Cʼest que du positif. »
Au-delà de la végétalisation et des activités ludiques, le jardin est un véritable outil de bien-être : il favorise le lâcher-prise, le développement des gestes fins chez les enfants et offre à tous un espace inclusif où lʼon peut apprendre, créer et partager sans contrainte.
Lʼavenir du projet est déjà envisagé : étendre la végétalisation à la Petite Cour Ferber, organiser des sorties pour découvrir le jardin et la serre de Racines dans le 20e, et continuer à faire de chaque atelier un moment de plaisir et de découverte.
À la Cour Ferber, le jardin est plus quʼun espace vert : il est un lieu de vie, de fierté et de respiration, où chaque résident peut se reconnecter à la nature, aux autres et à lui-même.