Psychiatrie, précarité et aller vers : les méandres | Samusocial de Paris
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Psychiatrie, précarité et aller vers : les méandres

18 Apr 2016 • Témoignage

En 2009, l’Observatoire du Samusocial de Paris menait une enquête sur la santé mentale et les addictions chez les personnes sans logement personnel en Île-de-France, l’enquête Samenta. Les premiers résultats estimaient à un tiers de la population les personnes souffrant de troubles psychiatriques sévères, une prévalence dix fois plus importante qu’en population générale, particulièrement élevée dans les dispositifs d’accueil d’urgence. L’enquête relevait également que si l’observance du traitement n’est pas moins bonne que dans la population générale, le maintien dans le soin est très problématique pour la plupart des personnes atteintes de troubles psychiatriques sévères.

Méandres

DES SOINS AMBULATOIRES PEU ADAPTÉS

La psychiatrie de secteur qui s’est mise en place depuis les années 60 a mis n à une psychiatrie asilaire aux e ets délétères, pour proposer des soins ambulatoires ancrés sur le territoire, donnant à tous un droit d’être soignés sans être pour autant reclus dans des lieux clos, isolés de son milieu. Ce dispositif commun de la psychiatrie repose toutefois sur un certain nombre de principes de fonctionnement peu adaptés aux personnes en grande précarité : la formulation d’une demande explicite et persistante de soins, la logique de sectorisation, la venue régulière et ponctuelle aux rendez-vous proposés par les CMP (Centres Médico-Psychologiques) où sont sectorisés les patients. Alors même qu’elle avait d’abord pour vocation de permettre l’inclusion, la psychiatrie de secteur s’est montrée peu accessible aux personnes sans logement personnel.

LA NÉCESSITÉ DE DEVELOPPER UN «ALLER VERS»

En complément du dispositif général de la psychiatrie de secteur s’est donc déployé tout un réseau d’équipes mobiles de psychiatrie pour aller vers les personnes précaires afin de les aider à accéder aux soins psychiatriques : aller vers ceux qui n'expriment pas une demande explicite de soins, leur proposer une forme de soin souple et disponible, pour parvenir à les orienter vers le dispositif général de la psychiatrie dans la mesure du possible.

Ces équipes mobiles de psychiatrie pluridisciplinaires sont destinées à aider à la fois les personnes précaires à accéder aux soins, et les acteurs de terrain parfois démunis face à certaines situations qui pourraient relever de la santé mentale. Ce réseau d’interfaces aux paramètres d’action variables a toutefois pour e et d’opacifier un monde du soin déjà peu lisible dans son dispositif général. La création de nouvelles équipes propose sans cesse des micro-dispositifs spécifiques, pour des micro-populations, sur de micro-territoires. Le paysage du soin est devenu tellement multiple qu’il est difficile de s’en saisir, aussi est-il important de décrire précisément les actions de ces di érentes équipes. Comment ce réseau d’équipes médico-sociales s’articule-t-il au dispositif de la psychiatrie générale ? Vers quoi vont ces équipes mobiles ? Comment travaillent-elles pour susciter une demande qu’elles cherchent ensuite à orienter vers le droit commun ?


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