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Réfugiés en famille

01 May 2017 • Témoignage

L'interview date de mai 2017.

Accueillis tous deux en famille depuis quelques mois et accompagnés par l’équipe d’ELAN, Cheick Ahmed (26 ans) et Alimata (33 ans) témoignent de leur expérience en France et de leur nouvelle vie quotidienne.                                                                                                           

témoignage photo

 

Où avez-vous vécu avant d’arriver dans votre famille d’accueil ?
 

Cheick Ahmed : Je suis en France depuis un an et demi, et depuis trois mois dans ma famille d’accueil. Avant cela j’ai passé 7 mois chez une compatriote, puis 4 mois à l’hôtel dans le 18ème rue Myrrha. Cet hôtel ce n’était vraiment pas un lieu pour vivre. Je ne pouvais recevoir personne, je ne pouvais pas me laver, parce que les douches sur le palier étaient sales, fréquentées aussi bien par les résidents de l’hôtel que par des gens du quartier. Je préférais aller me doucher chez une connaissance plutôt que dans ces douches où je risquais d’attraper des maladies.

Alimata : Je suis en France depuis 2015. Pendant ma procédure de demande d’asile, qui a duré 8 mois, j’ai été hébergé en CADA, un appartement partagé avec d’autres demandeurs. Ça se passait bien. Nous étions accompagnés dans nos démarches.

 

Comment avez-vous été orientés vers Elan ?
 

Cheick Ahmed : FTDA m’a orienté à la PSA une fois que j’ai été reconnu comme réfugié, et c’est la PSA qui m’a informé sur Elan. L’équipe est venue à ma rencontre chez la compatriote qui m’hébergeait. J’étais très impatient de commencer l’expérience, mais il a fallu trouver une famille pour m’accueillir, et cela a pris un certain temps.

Alimata : J’ai été mise en contact avec l’équipe d’ELAN par mon assistant social quand j’étais en CADA. Une fois obtenu l’asile, je devais quitter la structure. J’avais la possibilité d’être hébergée par le CADA en colocation dans un immeuble indépendant, mais je préférais être dans une famille. Quand l’équipe m’a proposé d’être accueillie chez une dame seule de 73 ans, j’ai tout de suite accepté, sans même la rencontrer. Je me suis dit que je pouvais lui apporter des choses. Dans mon pays, on n’abandonne pas les personnes âgées, on a l’habitude de s’en occuper. Le fils de cette femme est décédé il y a déjà longtemps, j’occupe son ancienne chambre.

 

Comment se passent vos vies respectives en famille ?
 

Cheick Ahmed : Très très bien. Je suis dans une famille où vivent 9 personnes : monsieur, madame, le père et le frère de monsieur, les 3 enfants entre 18 et 24 ans, une personne qui s’occupe de la maison, de la cuisine, et moi. Nous sommes dans une très grande maison, chacun a son espace, nous prenons nos repas ensemble. Monsieur est avec moi comme avec son fils. Si je rentre tard il s’inquiète et m’appelle, il me propose de venir me chercher, nous discutons politique. J’étais caricaturiste de presse dans mon pays en Guinée, lui aussi est dessinateur. La cuisine française en revanche est parfois difficile pour moi, notamment la manière dont vous préparez les viandes saignantes, et le fromage ! Le fromage pour moi, c’est la Vache qui rit ! Je fais beaucoup d’efforts pour m’y habituer.

Alimata : Moi aussi ça se passe très bien. Nos relations sont très agréables, même si parfois j’ai le sentiment qu’elle est trop curieuse, notamment pour tout ce qui touche à mon travail. Nous discutons beaucoup, elle m’apprend beaucoup de choses, me fait découvrir de très beaux parcs. Nous partageons nos repas, souvent je cuisine africain, c’est quelqu’un de très ouvert.

 

Avez-vous trouvé du travail ?
 

Cheick Ahmed : J’ai travaillé comme vigile, actuellement je suis vendeur chez Célio, en CDD à temps partiel, mais mon projet est d’économiser suffisamment pour me payer une formation en journalisme.

Alimata : J’ai fait une formation sécurité et incendie de quatre mois, financée par Pôle Emploi. J’étais encore en CADA lorsque ma formation a commencé. J’ai fait ce choix par conviction, parce que j’aime être dans le contact humain avant tout. Avant j’étais commerciale, et là aussi c’est l’humain qui me plaisait. En ce moment je suis vigile dans l’événementiel, mais ma formation me permet également d’accéder à des postes de vidéo-surveillance qui permettent de travailler assis, sur des journées de 10 ou de 12h et donc d’avoir des jours de repos. La sécurité c’est un métier d’avenir, il y a beaucoup d’embauches.

 

Quels sont vos projets ?
 

Cheick Ahmed : J’ai voyagé dans 13 pays d’Afrique et 3 pays d’Europe. Pour avoir été dans différents pays d’Europe je sais que la France est une terre d’accueil, mais je suis un nomade, j’aimerais poursuivre ma route au Canada puis aux Etats-Unis, avant de pouvoir rentrer chez moi en Guinée une fois que la situation politique aura changé.

Alimata : Je n’envisage pas de rentrer au pays. J’ai eu trop de problèmes là-bas. Je n’ai pas choisi de venir en France. Je connaissais car j’étais dans l’import-export de matériel informatique. Mon visa qui me permettait de venir régulièrement. C’est pour ça que je suis venue quand j’ai dû fuir mon pays, et ma famille. La France est une terre d’accueil, j’ai pu le constater après avoir subi ici deux opérations médicales sans rien avoir à payer. En Côte d’Ivoire ce ne serait pas possible.

 


 

Mise à jour : Novembre 2018

Cheick Ahmed et Alimata travaillent tous les deux en CDI à temps plein. Ils sont depuis plusieurs installés dans leur appartement respectif en région parisienne. 


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