Sortir de l’urgence sociale, c’est possible ! | Samusocial de Paris
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Sortir de l’urgence sociale, c’est possible !

02 Nov 2021 • Reportage

Du 5 au 8 octobre dernier, la mission Interface a organisé, en partenariat avec l’association In’tact, un séjour pour huit personnes âgées de plus de 60 ans, dans un village de la vallée de l’Yonne. L’objectif : réfléchir avec elles à la possibilité d’emménager dans un logement adapté à leurs besoins et permettre ainsi une évaluation de leur autonomie.

Le groupe en voyage dans l'Yonne


Ce projet constituait un véritable défi pour la mission Interface ! Encadré par Léa, coordinatrice sociale au Samusocial de Paris, deux infirmières et un animateur de l’association In’tact, il s’agit en effet du premier séjour proposé à huit « survivants de la rue* » pour reprendre l’expression de la jeune femme, assistante sociale de formation, passionnée par son travail. « Il y a eu 4 mois de préparation pour monter ce séjour. Nous avons travaillé avec les personnes accompagnées, leurs référents sociaux (Samusocial de Paris, mais aussi Emmaüs, Les enfants du Canal, Aurore…) et l'association INT'ACT qui propose des séjours de vacances à des personnes fragiles, accompagnées ou non de leurs aidants ». 


L’une des craintes de Léa était que les personnes ne s’accordent pas. En effet, les six hommes et deux femmes réunis pour ce séjour ne se connaissaient pas, venant de lieux très différents : centres d’hébergement, Lits halte soins santé, d’hôtels ou de la rue. « Au début, il y a eu de petites frictions, mais très vite des binômes se sont créés, il y a eu des rapprochements improbables qu’on n’aurait pas imaginés ! », poursuit Léa. « Une cohésion de groupe s’est mise en place, lors des repas notamment qui ont constitué de vrais moments de partage ! ».


Une écoute individuelle


Le séjour s’est déroulé dans un centre de vacances qui accueillait d’autres vacanciers, l’occasion de faire des rencontres. Au programme : visite du village et du château voisin, activités sportives, ateliers d’équilibre, de prévention des chutes, croisière sur l’Yonne, soirée foot, dominos ou Uno. L’animateur avait une double casquette, puisqu’il est aussi animateur sportif. « Il proposait des ateliers prévention des chutes, qui ont très bien marché », précise Léa. Grâce aux deux infirmières présentes tout au long du séjour, une écoute individuelle a pu être proposée à chaque personne, notamment pendant le temps de la douche, le matin. « Certains ne voulaient ou ne pouvaient pas se doucher. Les infirmières les aidaient. C’est aussi sur ce temps du matin, que nous avons pu mettre le doigt sur des problématiques qu’il est difficile de voir en centre d’hébergement ou à l’hôtel : une addiction aux jeux, un blocage pour se doucher, changer de vêtement… ». C’est aussi sur ce temps dédié à chacun que Léa évoquait la possibilité d’un futur hébergement. 

 

Rompre avec l’urgence sociale


Au bout de 4 jours, le bilan est plus que positif ! Une dame sans papier va être régularisée et pourra entrer en résidence autonomie, un monsieur entrera lui aussi en résidence autonomie sur Paris, un autre en EHPAD, un autre dans un foyer de vie. Mais pour Léa, la grande réussite du séjour, c’est que chacun ait pu rompe avec l’urgence sociale durant 4 journées entières. « Rien que pour ça, ça a marché ! Ils étaient tous très contents, très heureux d’être là ! » D’ailleurs, chacun l’a bien dit dans le questionnaire de satisfaction qui a été remis aux participants à la fin du séjour. Florilège : « séjour agréable, magnifique, trop court, formidable ! », « les chambres sont magnifiques, y’a même le sèche-cheveux ! », « c’est un établissement 3 étoiles », « on était au calme »,  « la verdure, c’était bien », « on a bien mangé, ils se sont bien occupés de nous », « pas assez de steak, pas assez de frites ! », « félicitations au chef ! », « j’ai appris des choses à la visite du village », « l’histoire du château est incroyable, inimaginable », « on s’est bien amusé », « j’ai reproduit les mouvements de gym dans ma chambre », « c’était tellement parfait que c’est difficile de trouver quelque chose à dire ! ». A refaire !


* L’âge moyen des personnes "SDF" décédées en 2018 est de 48,7 ans (0 à 87 ans). L’âge médian est 51 ans. Un âge de décès inférieur de trente ans à l’espérance de vie (enquête des morts de la rue, 2018).
 

 

Pour aller plus loin

Plus d'informations sur la Mission Interface en cliquant ici !

 

L’association INT'ACT 


Elle propose des séjours de vacances à des personnes fragiles, accompagnées ou non de leurs aidants. Les aidants qui participent au séjour peuvent bénéficier d’un programme spécifique où les professionnels prennent le relais pour les actes de la vie quotidienne. Les premiers séjours d'INT'ACT sont issus d’un projet commun avec un centre d’accueil de jour thérapeutique parisien qui avait la volonté de faire partir en vacances plusieurs bénéficiaires afin de soulager les aidants proches. Les seniors bénéficiaires sont en général en perte d’autonomie, atteints d’une pathologie neurocognitive (Alzheimer, Parkinson, Corps de Lewy, dégénérescence fronto-temporale-DFT) ou ayant des problèmes de mobilité suite à un accident de la vie (AVC, traumatisme) ; les proches aidants sont en général des membres de la famille (enfant, conjoint ou de la même fratrie). C’était une première pour eux d’organiser un séjour avec le public accompagné par le Samusocial de Paris et la mission Interface.


Focus : Léa, coordinatrice sociale, nous parle de son métier… une vocation !

J’ai toujours été sensible et interrogative sur la société, le monde en général. Je voulais m’engager dans un métier où je puisse avoir une influence sur les disparités. C’est venu très tôt donc je pense qu’on peut parler d’une vocation ! 
Je coordonne l’accompagnement des plus de 60 ans en coréférence avec leur référent social.
Je me déplace dans les structures du secteur AHI pour évaluer et accompagner les personnes et les équipes vers un projet de sortie de l’urgence sociale : logement ou établissement médico-social pérenne. 
Une fois le projet défini, je coordonne les partenaires présents autour de la personne, et j’accompagne cette transition entre l’urgence sociale et le lieu de vie pérenne. Je cherche des relais de proximité sur le territoire, jusqu’à ce que la personne n’ait plus besoin de mon soutien.
Je crée des ponts entre le secteur de l’urgence sociale et le secteur médico-social, en formant les travailleurs sociaux du secteur AHI sur les dispositifs spécifiques aux personnes âgées, mais aussi les établissements médico-sociaux, afin de les sensibiliser à l’accueil de notre public, qu’ils connaissent très peu. 
L’organisation de ce séjour était une première !


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