EtuCris - Entre quête d'autonomie et recours à l'aide alimentaire francilienne, les trajectoires heurtées d'étudiantes et d'étudiants en crise
Ce rapport d’enquête porte sur une fraction vulnérable de la population étudiante rencontrée dans des distributions alimentaires qui lui sont dédiées en Île-de-France. Quelles contraintes pèsent sur les budgets et conditions de vie de ces jeunes qui cherchent à dépenser moins pour se nourrir ? Pourquoi et comment ces étudiantes et étudiants recourent-ils à cette forme d’aide ?
L’enquête se déploie en cours d’année universitaire 2021-2022, après le pic critique de la crise sanitaire du Covid-19. Celle-ci est propice à un discours d’alerte sur la précarité étudiante et se traduit par la mise en place de nouveaux dispositifs d’aide alimentaire.
ÉtuCris repose sur près de 500 questionnaires passés en face à face ou par téléphone à des bénéficiaires de six associations distribuant des denrées gratuitement. Une quarantaine d’étudiantes et étudiants sont ensuite interrogés lors d’entretiens complémentaires.
Principalement étrangères, les personnes sont confrontées à des obstacles liés à leur situation administrative (délai de délivrance des documents de séjour, des aides au logement et d’une carte vitale, contraintes d’accès au travail). En poursuite d’études, elles sont exposées à un choc budgétaire brutal par rapport à leurs conditions de vie au pays, que leurs familles ne peuvent tout à fait amortir.
Contraintes de tenir strictement leurs comptes, la plupart des personnes interrogées peinent à finir le mois. Cela a pour effet des difficultés de paiement de leurs coûteux loyers franciliens, en particulier pour celles et ceux, majoritaires, qui n’ont pu accéder à une résidence universitaire du Crous – ou de s’exposer aux risques de l’hébergement chez des tiers –, des renoncements aux soins par évitement des frais de santé, un état de faim modéré ou sévère pour le quart des personnes. Plus du tiers de l’échantillon est en état dépressif majeur.
L’aide alimentaire est un moyen à disposition pour faire des économies que la plupart de ces étudiantes et étudiants fréquentent rapidement à leur arrivée en Île-de-France, de façon plutôt assidue mais plus ou moins durable. Cela peut être une porte d’entrée pour leur proposer d’autres formes d’accompagnement, leurs difficultés étant loin de se résumer à la recherche de nourriture.
Une version remaniée du questionnaire de l'enquête EtuCris est mise à disposition pour d'éventuelles futures études sur la thématique. La base de données du projet ainsi que le dictionnaire des variables sont disponibles sur demande. Veuillez alors contacter l.guenee@samusocial-75.fr.
Remise du prix de mémoire de l’Observatoire national de la vie étudiante à Ysé Bedo :
Le mémoire intitulé “Compter sur la famille ? Les formes de l’entraide familiale pour les étudiantes et étudiants étrangers et français ayant recours à l’aide alimentaire” écrit par Ysé Bedo à partir de l’enquête EtuCris s’est vu décerné le prix de mémoire du 32e prix de l’Observatoire national de la vie étudiante. Ce mémoire traite de la thématique de l’entraide familiale au sein de la population étudiante ayant recours à l’aide alimentaire francilienne.
Publication d’un article scientifique pour EtuCris :
Un article scientifique investiguant l'état dépressif majeur des étudiants en distribution alimentaire et les facteurs associés a été publié dans le journal scientifique international « Frontiers in Public Health ». Il est accessible ici
L’enquête EtuCris a donné lieu à la parution d’un article dans la revue Populations Vulnérables en septembre 2024, à retrouver ici